arnukem a écrit:Mais il a aussi su, en même temps, vivre avec son époque et adapter ses productions en conséquence, avec plus ou moins de réussite artistique mais une vraie justesse stratégique.
The Razor's Edge est l'album que j'aime le moins du groupe. Mais c'est un coup de maître et l'album dont AC/DC avait besoin pour repartir de plus belle. Les bons choix de Malcolm se comptent par dizaines. Il était sans débat possible le vrai skipper au sein d'AC/DC. Capable de sèchement trancher mais tout aussi capable seul, de s'auto-évincer pour soigner son addiction.
Je ressens la même chose pour
The Razors Edge et je lui porte la même réflexion. Toutefois, j'étends le raisonnement avec la "trilogie de l'ombre"/"trilogie de l'orgueil" (
Flick of the Switch,
Fly on the Wall et
Blow Up Your Video): je doute que sans ces trois opus,
The Razors Edge aurait eu autant d'impact, de porté, de justesse commerciale et critique. J'ai utilisé le terme "orgueil" car c'est ce que ces trois disques me font ressentir de la part du groupe. Deux auto-productions brutales (dont la seconde est volontairement bombardée d'effets mal pensés, mal conçus comme pour bien marquer la contradiction AC/DCenne du monde de ces années-là) et un dernier rejeton qui veut jouer sur les mêmes bases quitte à aller droit dans le mur, même s'il voit à l'avance que ça ne passera pas. Trois beaux pied de nez qui ont fait comprendre à tout le monde comment danser avec AC/DC. Puis vint ce
The Razors Edge, fait avec l'aide de l'extérieur à l'entourage. On connait la suite. Inutile de dire que Malcolm a été le grand artisan de ces trois fiers gaillards souvent montrés du doigt et moqués.
Je vais être honnête, cette trilogie est plus importante qu'on ne peut le croire dans l'histoire du groupe: ce n'est pas celle qui a posé les bases (la première,
High Voltage,
T.N.T,
DDDDC), ce n'est pas celle qui a apporté la réputation (
Let There Be Rock, Powerage, If You Want Blood You've Got It), ce n'est pas celle qui a amené gloire et fortune (
Highway to Hell, Back in Black, For Those About to Rock), ce n'est pas celle qui a fait entrer dans la légende (
The Razor's Edge + Live, Ballbreaker, Stiff Upper Lip) ou celle qui a commencé le baroud d'honneur (
Black Ice, Rock or Bust, futur album ?). C'est juste celle de la survie, de la résistance qui aujourd'hui est indirectement mise en avant par les innombrables "AC/DC a fait fi de toutes les modes" que l'on nous sert à toutes les sauces dans n'importe quel canard au lendemain d'annonces d'albums, de concert colossaux et aujourd'hui, d'événements tragiques.
Et tout ça, Malcolm l'a pensé de A à Z.
arnukem a écrit:Il donnait au groupe ce sentiment de solidité sur scène, sentiment que devait partager ses quatre compères, au quotidien, au sein du groupe.
Depuis qu'il est parti, le groupe s'est tout simplement délité. La sentence est tombée, violente, le soir des grammy awards où pour la première fois de la carrière d'AC/DC, j'ai vu un groupe pas en place. On est à des années lumières de leur prestation du RnR Hall of Fame induction, pourtant, dans des conditions similaires.
Seulement ce soir là, on avait un groupe soudé, solide, avec un batteur qui joue pas au click et un groupe qui balance, point. On avait l'AC/DC de Malcolm Young.
Je pense que c'est surtout l'humain qui a repris le dessus sur la machine AC/DC à ce moment-là. Combien de fois durant le
Black Ice Tour nous avons pu lire que le show proposé était pensé et répété au centimètre près soir après soir ? Avant que Malcolm se retire.
Et là, ça a été la porte ouverte à toutes les fenêtres dès l'enregistrement de
Rock or Bust avec Phil annonçant la tempête à venir, ayant éclaté avec les problèmes judiciaires de ce dernier en fin de même année. Puis la tournée a pris ses droits, avec un arrière-goût déjà assez piquant pour au final se terminer tel que nous le savons tous ici. Voir Cliff reposer la basse et souligner que sans ses trois copains, ce n'est plus la même chose, c'est plus que parlant. Malcolm a été la force motrice, la balance en imposant une sorte de manière de faire et d'être, quitte à prendre des décisions fortes et sans fard en effet.
arnukem a écrit:Depuis, dans des circonstances certes sacrément défavorables, on a un groupe qui donne le sentiment de se battre contre les éléments sans rien contrôler. Il est difficile de reprocher quoi que ce soit à Angus car il a l'indubitable droit de continuer ce qu'il a entrepris et de continuer à faire ce qu'il aime le plus. Mais on peut aussi se demander s'il n'a pas confondu adoubement de Stevie par Malcolm et aliénation à la mémoire de son frère. Oubliant peut-être au passage que son grand frère, lui, avait su dire stop. Au moins, temporairement.
C'est tout à fait ça, c'est comme si nous avons un AC/DC à réaction aux événements qui lui tombe au coin du nez, devant se dépatouiller par n'importe quelle manière de la situation donnée. Malcolm était plutôt du genre à couper l'herbe sous le pied aux c*uillonnades, disons-le clairement. Je n'ai absolument rien contre un futur chez AC/DC, car je n'ai rien à dicter à Angus, comme nous tous, mais juste qu'il va falloir raison garder.