C'est naze, un album de reprises ?
Eh oui, le savant débat "que faut-il penser d'un album entier de reprises", "est-ce une triste fin de carrière", "ils n'ont plus d'inspiration et trop de factures, ou quoi?" ... J'ai tendance à dire: à 75 ans, et après 22 ou 23 albums studio tous très différents les uns des autres, dont 3 entre 2013 et 2020, ils font ce qu'ils veulent. Le point de départ, c'est l'impossibilité matérielle de se retrouver à 5 pour composer (ils ne viennent jamais en studio avec des morceaux). Et puis, après tout, ils avaient peut-être envie de s'amuser, et ils se faisaient chier à tourner en rond chez eux... Au chômage faute de concerts!
Perso: Soit un album de reprises est bon et ça vaut le coup (sur le Unplugged de Nirvana, j'écoute essentiellement les reprises, fabuleuses!!), soit il est mauvais (comme le Purple album de Whitesnake), et alors tant pis, zappons.
Et puis tant de groupes, comment dire, se reprennent eux-mêmes depuis des années, tournent en rond, ou demeurent fidèles à une formule gagnante, selon les points de vue -- pour le meilleur ou pour le pire, chacun selon ses goûts ... or ce n'est pas le cas de Purple, qu'on aime ou qu'on n'aime pas. Après plus de 50 ans de carrière, ils surprennent encore. On aime ou on n'aime pas, mais il y a de la prise de risques, de la créativité. Donc, s'il y a bien un groupe qui a gagné le droit de faire des "vraies" reprises, selon moi, c'est eux.
Que peut-on en attendre ?
On ne peut pas dire que toutes les reprises de Purple à ce jour soient de la bombe. Franchement, Roadhouse Blues sur Infinite, quoique correcte, ne sert à rien, et ne vaut pas l'original des Doors; et je suis assez tiède sur les reprises de vieux rock'n'roll des 50s, marrantes sans plus.
Si "Hush" -- une reprise comme chacun sait -- est un titre majeur et leur premier grand succès en 68, ça n'a pas grand chose à voir, on est dans une autre époque, où les artistes, dont Purple, se reprennent (ou se pillent...) à quelques mois ou semaines d'intervalle, un truc impensable aujourd'hui. Une époque où on panache encore fréquemment, sur un album, quelques compos originales et plusieurs reprises (cf. album Shades of Deep Purple).
Puis la reprise, chez les groupes "qui se respectent", est tombée en désuétude (sauf en bonus track ou trucs de ce genre), notamment chez Purple. Aucune reprise entre In Rock (1970) et récemment (époque Bob Ezrin), sauf une auto-reprise sur Abandon (1998). Au fil des 3 derniers albums, ils semblent avoir repris goût à la chose, casant toujours une petite reprise ou auto-reprise (And the adress), mais un peu dans l'esprit "bonus".
Là, c'est tout autre chose.
Le choix des titres est assez éclectique, ce qui est plutôt intéressant, quoique un peu angoissant quand on écoute certains originaux... Ca va de la folk traditionnelle countrysante au rock psyché. Bon point: tout est vieux et en partie oublié, je ne connais par coeur qu'une seule chanson (White Room des Cream, plus Dazed and confused dans le medley), d'autres me sont familières sans plus (comme l'excellent mais un peu oublié "Oh well" de Fleetwood Mac), une bonne moitié inconnues: certains de ces titres ont été des hits ou des hits mineurs, mais aucun n'est canonique (sauf Led Zep peut-être) et resucé. Donc de la découverte ou redécouverte, pour l'essentiel, et c'est ce que je veux.
Reste plus qu'à attendre le résultat... Franchement, j'ai un peu peur sur plusieurs morceaux de la tracklist -- où je ne vois pas ce qu'ils vont bien pouvoir en faire -- mais on verra à la sortie.
Et 7 and 7 is, alors?
Excellente surprise.
J'aime énormément. Après une écoute des nombreuses reprises qui existent (dont Rush, Alice Cooper et bien d'autres), je trouve celle-ci encore meilleure par comparaison -- et un dépoussiérage très réussi de l'original. Mais chapeau à Love et Alvin Lee pour la compo, que j'avais quasiment oubliée, depuis le temps (pourtant j'adore les années 60). "My father's in the fireplace and my dog lies hypnotized", wow !!! on dirait du Iggy Pop
Pour rebondir sur un terme qui a été employé, je ne trouve ça "clinique" que dans le sens familier/positif du terme (=chirurgical, ça tue!!!). Mais certainement pas au sens d'"aseptisé, sans âme". D'abord parce que c'est frais, punchy et marrant, dans le respect de l'esprit psyché-potache-prépunk de l'original, mais avec une once de groove purpléen (Paice !!!!!!!! -- je ne connais rien à la batterie, mais j'adore ce qu'il fait là) et de mélodicité en plus (Gillan à la fois cool et incisif, Morse en beauté).
Bref, très, très cool.
Whether I'm drunk or dead -- I really ain't too sure ...