Motocultor 2018, onzième éditionAllé, c'est l'heure de la review !
Première pour moi aussi loin de ma contrée (Grenoble depuis quelques années), premier "vrai" fest depuis le Hellfest en 2015 (Musilac ça compte pas), mais aussi premier fest avec un demi-genou, opéré début avril et encore en rééducation (rupture du LCA) : pogos et autres mouvements de foule me sont interdits... Cela ne laisse pas trop de choix : c'est barrière ou derrière !
Mon compagnon habituel de concert descend en voiture d'Irlande après une saison à la ferme, il me récupère à Rennes où j'arrive en train depuis le Sud-Est. Nous sommes toujours aussi bien organisés (ironie inside - on a une tente et deux duvets en gros), on fait quelques courses pour la soirée puis direction Saint-Nolff, à une heure de route en direction du Sud-Ouest. A l'arrivée sur le parking, la joie manifeste des bénévoles nous frappe de plein fouet et nous met dans le bain : nous sommes de retour à la maison. LA maison, celle avec du beau monde et beaucoup de bruit. Les gros décors à la Hellfest ne sont pas là mais ce n'est pas grave, bien d'autres choses compenseront au centuple. Le jeudi soir nous nous installons et prenons possession des lieux, une bière à la main, direction la scène "Hyper U" où jouent des groupes locaux (certains très bons). Première mise en bouche raisonnable, nous nous mettons au lit vers minuit et quelques.
A 5h30 je me réveille et je dois aller aux toilettes, je me lève et j'entends de la musique à bloc pas loin. Je traverse un bout d'un camping et j'entends un air que je connais mais qui ne ressemble pas trop à du metal, avec des voix qui chantent dessus : "I kissed a girl, and I liked it..." Bordel qui chante du Katy Perry à cette heure-ci, alors que le jour se lève ? Eh bien, une quarantaine de pélos sous deux tonnelles blanches qui sont à bloc et dansent comme des malades... Ça promet...
Jour 1 : découverte et mise en boucheLe camping est équipé de douches moyennant une dizaine de minutes d'attente si on se lève pas trop tard. Une fois prêts à tout casser (tickets pour la nourriture et boisson en poche), c'est l'heure d'y aller : les portes ouvrent à midi, et le bruit attaque à 12h45.
Comme à la maisonLe site est superbe, deux gros chapiteaux forment ce qu'on pourrait appeler les mainstages, la Dave Mustage à gauche (la plus grande) et la Massey Ferguscène à droite, ces deux scènes alternant. Un peu au fond à gauche, au fond et en bas d'un champ, entourée par la forêt, se trouve la Supositor Stage, seule scène en plein air et qui joue en même temps que la Massey. Il y a de l'espace, on respire même lorsque la jauge semble être à son maximum le dimanche après midi.
La journée attaque par
The Lumberjacks Feedback, puis
Lumberjacks et
Ende, mais le premier concert qui nous met vraiment dedans est celui de
Maid of Ace. Les quatre soeurs anglaises délivrent un punk-rock vaillant et entrainant (pourtant c'est pas ma tasse de thé personnellement), on valide.
Les 4 soeursJuste derrière, ça enchaine avec une de mes plus grosses attentes de ce fest, que j'écoute en boucle depuis des semaines :
Cypecore. Cet hybride entre indus et death développe dans chaque album une vision futuriste apocalyptique, poussant l'idée jusqu'à débarquer sur scène habillés façon Warhammer 40k. Ils attaquent avec
The Alliance, chanson éponyme d'ouverture de leur dernier album, et mettent d'entrée tout le monde d'accord (écoutez Dream Smasher de cet album...). C'est du LOURD LOURD LOURD. Seul bémol parce que je suis un peu pointilleux, le chant clair n'est pas toujours parfait. Mais putain, ça réveille.
En revenant de la Supositor et pensant souffler un peu, on tombe sur
Svart Crown, que nous ne connaissions absolument pas : grosse claque. Décidément du talent en France, c'est pas ça qui manque... Derrière je tenais à voir les
Sticky Boys, mais après 2 ou 3 morceaux, je dois avouer qu'on s'ennuie ferme : c'est l'heure de recharger un peu, bière et Spätziflette au programme.
Bière, spätzles et reblochon, le secret du bonheurNiveau ambiance, c'est tout ce qu'on attend d'un fest de metal digne de ce nom : de la bonne humeur, de l'humour bon enfant, des dizaines de T-shirts originaux et rigolos, une grosse tente de merch avec un peu de tout, et deux bars qui se font face de part et d'autres des deux scènes principales. Y a pas à chier, qu'est-ce qu'on est bien ! Et en plus, le temps a décidé d'être avec nous : pas une goutte de pluie pendant les trois jours. Mais le gros bonus par rapport au Hellfest ou au Sonisphere (j'imagine que le Download c'est pareil), c'est que la jauge permet de se placer près de la scène lorsqu'on le veut. Résultat, pas d'écran géant (pas besoin), une réelle impression de proximité, et des déplacements dans l'enceinte du fest plutôt faciles.
Bon c'est pas tout ça, mais faut s'y remettre parce que ce n'est que le début de la soirée, et on attaque avec du lourd : nous nous plaçons à la barrière (ou presque, mais c'est l'histoire de 2 chansons) pour
DevilDriver. J'ai découvert il y a quelques années et je suis un bon fan. Si vous ne connaissez pas, c'est un excellent groupe de death formé par le chanteur Dez Zefara après s'être séparé de Coal Chamber. Autant dire que le gars ne débarque pas de n'importe où. Ca ressemble un peu à un mix entre Godsmack (pour le son lourd et gras) et Lamb Of God (pour le côté bourrin/death). Le public est présent, le chapiteau est plein avant que ça ne commence. Ils arrivent sur scène et c'est le bordel, ça y est on est au coeur du poulet. Gros son, grosse ambiance avec beaucoup de slam, ça bourrine derrière et sur scène ça se fend la poire.
Le bonheur. Le groupe défile ses hits : End Of The Line pour entrer sur scène, Daybreak, Trust No One, Clouds Over California, la reprise Sail, bref, de la tuerie.
Sur la scène à côté enchaine
Trisomie 21, un groupe un peu spécial de cold wave/indus. On jette un oeil pour la curiosité (j'aime bien en studio, chez moi, en live c'est moins ma came), mais on est pas dedans et on reste plutôt côté Dave Mustage car la groupe suivant n'est autre qu'
Ultra Vomit... Je vais enfin les voir ! J'avoue je suis un gros fan, j'adore leurs compos, j'adore leur humour. Au premier abord c'est sur que ça semble un peu "pipi caca" (c'est le but), mais c'est souvent bien plus subtil que ce que l'on pense, avec des dizaines de références dans chacune de leurs actions, que ce soit les chansons et leurs structures, ou leurs blagues. Et vu le nombre de T-shirt au nom du groupe aperçus ce jour-là, plus le fait que le chapiteau reste plein, j'ai l'impression que je ne suis pas le seul. Comme d'hab avec Lolo nous convenons du point de RDV après le concert au cas où on se perde (ce qui arrivera dès l'intro).
La musique des Loney Tunes retentit et tout le chapiteau hurle de joie. Puis c'est la danse d'introduction sur Fort Boyard, avant d'envoyer la sauce pour de bon sur Darry Cowl Chamber ! Je me retrouve alors au milieu d'un immense mouvement de foule/pogo qui prend tout le chapiteau, et pour la première fois j'ai peur, j'avais oublié que j'avais un genou qui n'était pas prêt pour ce genre de bêtises... Je recule tant bien que mal jusqu'à l'un des poteaux du chapiteau où je trouve refuge au milieu de cette marée de débiles. Je comprends en même temps qu'effectivement, une fosse de metal/hard déchainée, pour quelqu'un qui n'est pas habitué ou pleinement en possession de ses moyens, ça peut effrayer ! Mais je suis maintenant en sécurité avec tout de même une vue parfaite, à moins d'une dizaine de mètres de la scène (la magie du Motoc' !). Le groupe déroule ses tubes avec brio et humour, comme toujours. Il finirat après le rappel sur le trio Kammthar (Rammstein), Quand J'tais P'tit (Mötorhead) et enfin Evier Metal (Maiden). QUE-DU-BON.
Derrière il y a des trucs, mais on est un peu encore en état de choc et zappe d'aller voir
Cruachan, qui avait l'air bien. On se replace sous la Dave pour
Ministry. Un peu en arrière, un peu grogis. Ca commence, c'est bizarre, un peu "lent" et lourd, mais ça nous va, on est plus d'humeur à headbanguer et taper sur tout ce qui bouge. Et finalement, c'est bien entrainant. Y a l'air d'y avoir de nombreux messages dans leur musique, qui me parlent. Au cours du concert le groupe, que nous découvrons en live, nous réveille de plus en plus jusqu'à finir déchainés. Ce metal indus engagé, c'est du lourd ! Mention spéciale pour leur dernier album,
AmeriKKKant.
Il reste deux passages, nous faisons le choix de la Supositor avec
Belphegor, de minuit 20 à 1h10. Bonne pioche, le son est PARFAIT. A une trentaine de mètres de la scène, l'ambiance avec les fumigènes et la forêt entourant scène et fosse est parfaite pour ce mélange black/death. Après le show, nous ferons le choix d'aller directement au camping pour dormir, nous sommes KO. Tant pis pour
Alestorm, qui auront eu apparemment quelques problèmes en début de set. La fatigue a eu raison de nous sur cette première journée : boules quiès et dodo.
Jour 2 : difficulté puis paroxysmeFinalement, nous aurons mieux dormi durant cette deuxième nuit que la première. Faut dire que la musique adoucit les moeurs, et aide à trouver le sommeil (en fait, surtout les boule quiès). Une douche, un T-shirt Hypno5e et c'est reparti comme en 40.
Heart Attack ouvre les hostilités, et c'est du lourd. Je conseille. Sur la même scène passera ensuite
Ereb Altor, que je tenais à voir et qualifierais d'un "Amon Amarth en plus soft" : du metal épique aux sonorités nordiques (ou du moins ce qu'on pense aujourd'hui être nordique/viking), mélodiques, entrainantes le tout accompagnée de la belle voix du chanteur/guitariste. Les drakkars ne sont pas loin.
On a jeté un oeil à l'excellent trash des grecs de
Suicidal Angels, très proches d'un bon gros Slayer. Derrière on a eu un bon coup de barre, on est retournés faire une pause au camping, revenus pour
Cerf Boiteux. Un peu comme les trucs "softs" de la veille, j'aime bien en studio mais là j'étais pas trop dedans. C'est une sorte de post-rock/prog planant et sombre. Je conseille tout de même d'y jeter une oreille !
La difficulté :On a enchainé sans trop rentrer dedans
Necrowtech,
Tagada Jones (j'y arrive pas),
Nostromo (ça c'était bon), avant d'aller faire un tour côté Ferguscène pour
Turisas. Du bon gros metal folk finlandais qui bouge bien, notamment sur l'excellente reprise du tube
Rasputin. On était de nouveau bien réveillés.
Nous sommes donc aller nous placer à la barrière pour
Cannibal Corpse. Bizarre, sans être trop fans on pensait en prendre plein la gueule malgré une impression déjà mitigée lors du Hellfest 2015. Le show attaque, ça bouge bien dans la fosse mais nous, on est pas dedans non plus, ça nous laisse un peu de marbre.
Mais pourtant, comment rester de marbre face à ça ? On finit par jeter l'éponge pour aller boire une (énième) bière. Pour le principe on ira jeter un oeil à
Shining mais sans être trop concentrés, car excités par le point d'orgue du fest, le show que l'on attendait depuis longtemps : les polonais de
Behemot étaient les suivants sur la Dave Mustage. Lolo est un gros fan mais ne les a jamais vus, moi j'ai eu mon baptème du feu en 2013 au Sonisphere et j'ai hâte de les revoir maintenant que je connais mieux. On se place non loin de la scène, mais à proximité d'un poteau (mon radeau) du chapiteau. Je ne vais pas vous faire un dessin, c'est la grosse claque.
A un moment, des mecs passent à côté de nous en mode chenille et s'enfoncent dans la fosse, Lolo les suit et moi, motivé et confiant, j'enchaine (la fosse ne bouge pas trop - c'est pas mal black quoi). On arrive dans les 6/7m de la scène et là, une chanson qui tabasse attaque et je vois Lolo disparaitre dans un pogo devant moi avec un grand sourire, tandis que je mets un terme à ma progression, me tenant à distance de ces dangereux bougres.
Y a pas à chier, ça en jetteBehemot = valeur sûre. Derrière je sais plus ce qu'on a fait mais on a raté
The Black Dahlia Murder, puis on a jeté un oeil au début d'
Abbath avant de déclarer que ça suffisait pour la soirée. On avait la dose. Mais ce n'était pas fini... De retour au camping, on sirote une dernière bière en faisant le tour, quand se met en place un manège un peu particulier dans l'espace vide devant les toilettes : des mecs vident des containers de poubelles et les lavent avec les douches. A côté, sous les tonnelles blanches dont je parlais en début de review, la soirée commence à battre son plein avec paillettes, boule à facette et tubes des années 80 : c'est le fameux
Macumba Open Air Fest, apparemment également présent au Hellfest. Kitch will never die.
T-shirt Officiel du Macumba :Côté poubelles, il s'agit en fait de joutes organisées. Un arbitre forme les équipes et leur explique les règles : deux "challengers" prennent place dans la poubelle, le couvercle est fermé, et 2/3 pousseurs se mettent en place pour propulser le container en direction de l'équipe adverse, placée de l'autre côté du terrain à une cinquantaine de mètres. Au top départ les deux équipes s'élancent, le but étant simple : renverser l'autre poubelle. Si l'impact ne suffit pas, les pousseurs doivent s'écarter et les challengers peuvent relever leur couvercle et tenter de renverser l'autre, jusqu'à ce que l'une des équipes y arrive. Pour les curieux,
voici ce que ça donne (avec le Macumba en fond qui bat son plein).
Autant vous dire qu'on a finit tard ce soir-là (mais sans participer, faute de genou).
Jour 3 : toutes les bonnes choses ont une finC'est pas facile le dimanche, le troisième jour étant toujours le plus difficile. Heureusement, la prog a eu le bon goût de mettre un excellent groupe de death en premier (à 11h45 en plus, faut être matinal), les suisses de
Promethee. Vous pouvez foncer.
Derrière toujours sous la Dave Mustage, c'est au tour de
Jinjer. Le death du gingembre ukrainen tabasse, avec une frontwoman impressionnante qui alterne chant clair sur les parties planantes avec du gros growl quand ça s'énerve, encadrée par des musiciens ultra-carrés.
Ne ratez pas Jinjer dans votre vie, ce serait dommage (version Youtube, et la version du Motoc' filmée par mes soins) : Toujours sur la Dave qu'on a poncée, on en a pris plein la gueule avec
Warbringer, groupe portant très bien son nom. Petite pause avant d'aller jeter un oeil à
Origin par curiosité. OUCH. Vingt dieu qu'est-ce que c'était lourd. Ca faisait peur dès les balances.
Voyez plutôt. C'était énorme. Le groupe n'avait pas son bassiste qui était apparemment resté coincé quelque part et le frontman, à l'humour acéré, a demandé à une douzaine de fans de monter sur scène faire du "air bass". Grand moment.
Nous avons squizzé la fin d'Origin pour aller voir le rock progressif de
Stoned Jesus sur la Ferguscène. C'était cool, mais un peu trop doux/lent et le changement a été brutal. Nous sommes tombés sur
I'm The Mountainqui fermait le show, j'étais content de l'entendre en live (ils ont l'air très bons) mais vous aurez compris que quand je suis en mode "metal", j'ai du mal avec les trucs softs.
Direct derrière, les
Nashville Pussy ont débarqué sur la Dave Mustage. Je suis en terrain conquis ici, alors je ne vais pas vous faire un dessin : c'était excellent. Ils ont commencé par Kicked In The Teeth, j'étais comme un fou...
La soirée s'est ensuite enchainée rapidement et fort :
Toxic Holocaust d'un côté et
Popa Chuby de l'autre (bien rigolo),
Comeback Kid (très bon), puis on a fait le choix de
Dying Fetus au lieu de
Phil Campbell et on ne l'a pas regretté, c'était énorme. Vous remarquerez que j'évolue de plus en plus vers le violent...
Fin de soirée énorme donc puisqu'on a enchainé les show des
Tambours du Bronx (fantastiques), de
Perturbator (electro, excellent, habitué des fests assez metal) et enfin de
Sepultura qui clôturait le fest avec le retour des Tambours sur scène pour Roots, Bloody Roots.
Les Tambours :Après ça, il était 1h15, on a fait un dernier tour vers le Macumba et le terrain de joutes, un peu dépités que ce soit déjà fini, avant d'aller prendre une bonne nuit de repos avant les 900km de retour du lendemain.
Bilan : on en attendait beaucoup, on en a eu encore plus. Que ce soit côté groupes et musique, ou côté ambiance et animation. Qu'est-ce que c'est bon d'être sur un autre planète pendant quelques jours, mais qu'est-ce que c'est dur aussi ensuite de retourner dans la "vie active"... Je suis tellement content que le Motocultor ait continué malgré ses quelques problèmes en 2017. C'est un excellent festival qui vient d'arriver à mon avis à sa taille adulte, ou "de croisière". Cela ne lui réussirait pas de grossir encore, c'est ce que semblent dire tous les festivaliers. Car ce qui en fait sa force, c'est le fait que ce n'est pas une grosse machine, qui pourtant amène un sacré panel de très bons groupes. Bref, il vaut le détour (pour un prix de pass carrément correct). Mais chuuuut, n'en parlez pas trop