Envie d'un concert. Un jour j’entends parler du Stoner Rock. Je suis trop vieux : le doom , le stoner, le quoi encore ?….trop de styles de je sais pas quoi. Au hasard, je cherche. Spotify tout gratuit est mon ami. Hop. Le stoner c’est ça. Ah ouais. Bof. C’est du rock quoi. On va pas en faire un fromage. Qui c’est qui passe bientôt dans la ville ? Stoned Jesus ? Découvrons. J’ai que ça à faire.
Hop billets en poche pour moi et quelques amis parce que, sait on jamais, si c’est nul, on boira des bières et on rigolera.
Jour J. Petit bain. Péniche mini amarrée près de la grande bibliothèque là sur la Seine, salle de 150 bonhommes au max. Allez 300 si on se serre parce qu’on aime la promiscuité. Putain, on est serrés là. Heureusement la pinte à 5 euros, ça libère de l’espace vers les toilettes.
Ce soir donc, 3 groupes en tournée européenne commune : Elephant Tree, Mothership et Stoned Jesus. Je ne sais toujours pas qui des 3 est vraiment stoner mais ce qui est sûr à la fin de la soirée c’est qu’aucun des 3 ne se ressemblait.
Elephant Tree nous introduit (Aïe). Formule trio. Epuré donc. C’est très lent, c’est très bizarre. Pinte number one. C’est pas mal du tout. Un peu de Pink Floyd attentif par ci, un peu de sacré boucan par là. Etrange. Intéressant. Pas commun. Good. Pause. Pinte number two. Pause blah blah. Et hop, Mothership is on stage.
Putain. Ça change. Le guitariste a un beau T-Shirt. Ah non. C’est sa peau. All tatooed. Flying V ou approchant en prolongement corporel. Solo. Je pense à Eddie Van Halen (il a les cheveux bouclés et il fait du taping). Pur Hard Rock. Mon cuir s’épaissit. Ça sonne gras. Je pense à Motorhead au niveau énergie. Je fais un saut dans la fosse. Rigolo. Igor les rejoint pour quelques morceaux. Sympa. Toujours très hard rock 80’s. Le kif pour moi quoi. Excellent Garth. C’est fini. Pause Pinte number je sais plus combien. Pause pipi.
Zou…Stoned Jesus est déjà là.
Voilà, c‘est eux que je voulais voir. Je ne sais toujours pas très bien à quoi m’attendre. Igor is back, il est gratteux singer chez les Jésus à l’ouest (alors qu’ils sont des ostrogoths, donc de l’est).
J’aime découvrir. Et là c’est l’Amérique en 1492. Et-ce que c’est clair que c’est trop bien ? Les titres défilent, sourire aux lèvres. L’intro ne ressemble pas au couplet qui ne ressemble pas au refrain qui ne ressemble pas au break qui suit, ni au contre break qui s’ensuit. Les rythmes changent. Les volumes sonores se développent. Bref, on se demande toujours comment chaque morceau va évoluer et ça c'est juste un vrai plaisir. En fait, les mecs là, ce sont des musiciens. C’est pas des rockers. C’est ça le stoner ? Des types qui pensent Black Sabbath mais qui composent Beethoven ? OK j'exagère. La symphonie pastorale, c'est pas très rock. En tout cas , ça slamme à tout va, parfois le public reprend les paroles (j’ai juste l’impression que y a que moi qui connait pas).
On se marre bien dans le public, on se chambre, on s’invective on saute, on dit chuuuuut. On pogotte et les plus jeunes slamment. Putain d’ambiance. Rien n’est pareil. Ils commencent un truc, paf au milieu ça change, on ne sait jamais à quoi s’attendre. C’est cool. C’est dur. C’est lourd. C’est volumineux. Bref, je prends un pied pas croyable.
A la fin du set, on est peu soufflé par tant de joie. Tout le monde sourit. Une meuf me dit : « alors ça y est tu sais c’est quoi le stoner ? » Un mec me tape sur l’épaule « c’était cool hein ? », un autre réajuste le col de mon cuir. Au merchandising, j’essaie de négocier un T-shirt sympa girly pour moi mais le mec y croit pas que je sois une fille….bontempi , je prends celui avec la fouine : Elephant Tree, c’est d’la bombe aussi. Et je repars avec mon CD Jesus la défonce en poche. J’suis d’la vieille.
Demain les 3 groupes jouent à Londres, le bus est là. Après demain, ils iront encore ailleurs. La vie en tournée est sans doute harassante mais les mecs assurent à fond. C’est chouette la vie de rocker. Ça faisait longtemps que j’avais pas senti la sueur comme ça.
Moralité : tout est bien qui finit bien. Vive le stoner. Fuck les stades.