Je vais aussi aller de ma petite review à chaud, après 5-6 écoutes. Pour commencer, quel bonheur, mes amis, de se dire qu'après 18 ans d'écoute passionnée d'AC/DC, le frisson est toujours là! D'avoir une banane d'enfer au moments de recevoir un SMS d'un pote disquaire indiquant "on l'a reçu, on a le droit de le vendre à partir de 19h", d'aller fébrilement chercher le Graal avec cette boule au ventre d'ordinaire propre à des retrouvailles avec des vieux potes. Ou un rencart amoureux... Bref, la flamme ne s'est pas éteinte! Petite parenthèse: ce post parle de détails sur la pochette et le livret. Pour ceux qui ont écouté le disque en ligne mais n'ont pas encore eu l'objet entre les mains, vous êtes prévenus. Et pour ceux qui n'ont encore rien vu rien entendu, vous êtes fous, que diable faites-vous sur cette page???
Alors, bon ou mauvais? Inspiré ou insipide? Album charnière ou bouche-trou? Plutôt Braque ou Vasarely? AC ou DC? Rock or Bust? Nos forgerons préférés vivent avec leur époque et nous ont pondu, sans doute bien malgré eux, un album... bipolaire. Ce qui au vu des évènements qui ont marqué l'année 2014 du groupe n'est pas surprenant. Pour les impressions contrastées qui se dégagent de Rock or Bust, principalement au niveau musical, plusieurs points:
-Qu'est-ce qu'elle est moche, cette pochette... Mais une fois l'objet ouvert, gros frisson, première claque. Cette photo, mes amis... Les boules, quoi... In rock we trust, point barre. Merci. Le livret est aussi à la hauteur. Les photos à quatre font très bizarre malgré tout. La présence de clichés de Phil Rudd époque Black Ice, les allusions à Bon Scott, la dédicace à Malcolm... Chant du cygne? Remise à plat? Ils ferment boutique ou ils construisent une extension dans le jardin? "The band will continue to make music". Ouf?
-Enregistrement chaotique, notamment pour les parties batterie? Peut-être. On en sait rien en fait, ça ne s'entend pas. Phil Rudd ne sait pas ce qu'il dit, ni ce qu'il fait, mais qu'est-ce qu'il cogne bien! Et oui bonhomme, t'as encore des fans, alors fais ta cure de Blacofène et remets toi en selle! Ne vous en déplaise à Angus Young et à toi, on t'aime et on veut te voir sur scène, même si la tournée doit être décalée de quelques mois!
-Sur une impression générale, on est en terrain connu. C'est comme le foie gras, hein, on en bouffe tous les ans et c'est toujours aussi bon! Celui qui tire son épingle du jeu, c'est bien Cliff Williams: rond, carré, emballé c'est pesé. Autant sur Black Ice, le père Johnson avait donné une performance inespérée au vu des deux précédents opus et du poids des années, autant Stiff Upper Lip était un véritable état des lieux de la guitare rock blues à l'aube des années 2000, sur Rock or Bust, la basse nous chatouille les oreilles comme jamais. Une leçon de plus. Stevie Young présent aussi, mais sa gratte ne grince pas assez. Défaut déjà présent sur Black Ice et River Plate, donc imputable à la production. Qu'il me manque ce son qui claque et qui était tellement mis en valeur sur Ballbreaker et Stiff Upper Lip! Bon, en écoutant bien, les subtilités rythmiques sont bien présentes et je vais me régaler à essayer de reproduire ça avec ma pelle. Le neveu est pas là pour faire de la figuration, ça fait plaisir. Beau boulot!
-Le gros problème de Rock Or Bust: les intros. Elles manquent cruellement de pèche et d'originalité. Tous les morceaux de ce disque pourraient être emballés par LE gimmick qui fait mouche. Il y avait plus de remplissage dans Black Ice, certes, mais une bonne demi-douzaine de morceaux étaient sacrément inspirés! Ici, ça ronronne un poil plus. On entend bien qu'ils ont voulu aller à l'essentiel, mais il y a un côté frustrant quand même. En gros, la bouffe est bonne, mais il manque un bon Crozes Hermitage pour arroser tout ça... L'absence de Malcolm, sans doute. Comme dit précédemment, ils ne sont pas au mieux de leur forme, mais la porte n'a pas l'air fermée à une suite qui sera bien plus excitante et qui, à mon avis, viendra plus tôt qu'on ne le pense. Si Rock or Bust est un album charnière dans la carrière du groupe, ce n'est certainement pas musicalement. Mais au vu de la production actuelle, comme c'est le cas depuis des années (chez les majors du moins), cet opus est du pain bénit. C'est rassurant... Et triste à la fois...
-La durée du disque: trop court. Mais en même temps, le gros avantage, c'est qu'avec des morceaux aussi simples et efficaces, ils peuvent en balancer 6 dans la setlist, tout le monde tapera du pied et il restera 1h30 de show pour les classiques ou autres surprises! J'espère pouvoir en être. S'ils avaient la bonne idée de faire une tournée à l'automne prochain ou revenir en 2016, vu qu'au printemps, je sais déjà que c'est baisé pour moi...
-Un track by track? Un poil frais pour le moment. Les singles sont excellents (mais pourquoiiii ce cliiip!!!???), Miss Adventure, Baptism by Fire, Rock The House envoient du bois et Dogs of War est une semi-daube, resucée de l'excellent War Machine. Un détail. De toute façon, quand Angus Young dit quelque chose, on la ferme et on écoute! Tiens, j'ai déjà le riff d'Emission Control dans la tête...
Bref, Rock? Or Bust? Un peu des deux. Après ça dépend si on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide. C'est un très bon disque de rock à la production léchée. Le manque de classiques évidents se fait sentir, ils ne sont pas allés chercher bien loin mais de là à dire que c'est bâclé, quand même pas. Propre, net, et très plaisant à écouter. Un album d'un AC/DC entre deux eaux, convalescent, régime sans sel, en mode Weight Watchers, qui fait se demander si l'on a affaire à un groupe qui se repose sur ses acquis ou s’ils cherchent à poser les bases d'une troisième vie plus décomplexée. Pourvu qu'ils optent pour la deuxième solution...
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