Varsovie, 25 juillet 2015, review de Bluebell | Highway To ACDC : le site francophone sur AC/DC

Concerts

Varsovie, 25 juillet 2015, review de Bluebell

Est-il utile à cette heure de faire une revue en bonne et due forme d’un show dont toutes les coutures ont déjà été examinées maintes fois, et ce dans les moindres détails ? Devrais-je en rajouter au sujet de la set-list ? Aurais-je l’occasion d’évoquer sous un jour nouveau le charisme indéniable du chanteur, l’efficacité rythmique du neveu, le déhanché magnifique du bassiste au moment de chaque refrain, la maltraitance récurrente du charley, ou encore la qualité du velours du short qui s’ébroue ici ou là ?

Non pas de revue. Pas la peine. Vous savez déjà tout.

Alors quoi ? Le public ? Moi qui m’attendais à croiser des polacks tous plus pafs les uns que les autres, la faute à un cliché savamment entretenu dans nos contrées, il n’en a rien été. Au contraire, l’ambiance d’avant stade était des plus calmes. Rien à voir avec le chahut terrible de Saint-Denis.

Une pluie soudaine, forte et durable nous avait bien douchés sur le trajet entre la rue Poznanska et la station de métro de la rue Świętokrzyska. L’orage immense, évoquant « Thunderstruck » avant l’heure, tel un pressentiment enivrant, nous attirait irrésistiblement et religieusement vers le stade : le son allait être très fort. Nous devions rester unis, calmes et solidaires face la tempête. Le stade était là, couvert (ouf) et majestueux qui nous ouvrait ses bras.

Pour ma troisième (seulement) escapade dans ce Rock Or Bust Tour 2015, je serai en gradin (fauteuils de qualité supérieure, couche molletonnée rien à voir avec le plastique froid et dur du Stade de France) mais pas trop loin de la scène.

Accompagné de 3 acolytes dont mon fils aîné du haut de ses 14 printemps pour une sorte de baptême du feu (hé hé), je suis paré pour m’en prendre plein les oreilles. Je suis en place. Rien ne me peut m’arriver. A chaque fois, le même effet : je vais voir et écouter et vibrer de tout mon corps au son des gars et de leur musique que j’aime depuis que j’ai 10 ans (à l’époque, je ne pensais jamais que je pourrai les voir une fois sur scène et là je suis à Varsovie pour ça…pfff, n’importe quoi !).

L’ambiance est très familiale dans notre quartier, secteur C, gradins côté Cliff, pas trop loin, et je ne suis pas le seul vieillard à avoir bringueballé sa progéniture dans l’enceinte rouge et blanche.

Vintage Trouble : on peut dire ce qu’on veut, ils font le job malgré un son pourrave à chaque fois. Ils sont excellents et chauffent à mort le stade. Mais, désolé, on n’est pas là pour eux. Ça démarre. Ça pète. C’est très fort.

Mon fils exulte (lui qui en a soupé des Stiff Upper Lip, Rock’n’roll train et autre Play Ball et qui, par réaction, écoute volontiers la moindre daube R’n’B juste pour m’embêter….) : « Youhou ! Youhou !! ». Il est debout. Il gueule. Les fumées, la lumière, le son. C’est très fort. C’est très bon.

On ne parlera pas de la set-list. De toute façon, elle est bonne. On aimerait de la variété, mais en même temps, se taper plusieurs gigs d’une même tournée, c’est un privilège. Et à l’heure d’internet qui plus est, faut pas bouder. Ça n’a pas de sens.

Pendant que dans la fosse, ça bouge à tout va en vagues incessantes, il n’y a que deux péquenots debout à gueuler comme des dératés dans notre rangée : mon boutonneux et moi… 2 filles un peu plus loin un rang derrière et des gars hirsutes un peu plus loin encore. That’s all. Que se passe-t’il ? Un autre monde ? Pendant quelques instants, je suis un peu interloqué : quasiment au même endroit à Paris le 26/05 ( le 23, j’étais en pelor), tout le monde était pied au plancher à gueuler et gueuler encore dans une ferveur indescriptible. Paradoxalement, ici, personne ne bronche, mais personne ne me demande non plus de me calmer. Même quand je hurle « hiiiigh voooooltage rock’n roll » et que je manque de m’affaler sur mon voisin dans un élan de air guitar mal contrôlé.

Inquiet, je m’arrête un peu de faire le plouc et je regarde autour de moi : personne n’en a rien à carrer de mes gesticulations. Tout le monde à la banane. Tout le monde est scotché. C’est différent de Paris, mais y a du plaisir partout qui déborde.

Sin City….alors que je sais qu’on a bien consommé la soirée, je me rends compte à ce moment comme je suis heureux d’entendre ce morceau. Mais ce n’est rien quand déboule l’intro de « have a drink on me ». C’est le moment que je préfère de cette tournée. Le morceau n’est pas génial (quoi que le riff est imparable) mais de l’entendre live, c’est juste comme si j’avais10 ans de nouveau.

Vient “Let there be rock”. Le solo. La plateforme s’élève. Je regarde autour de moi. C’est plus une banane que les visages arborent c’est tout un bananier. Le secteur C est une plantation de bananiers. Mon fils en est à son 23ème « Youhou ! » de la soirée, les bras levés au ciel. Le temps s’immobilise.

On est en Pologne, pays très catholique s’il en est, et ce moment m’évoque un moment de ferveur quasi mystique. Serait-ce le renouveau de l’eucharistie. Enfin, faut pas déconner non plus. En guise d’hostie, je finis ma bière (pas de gobelet édition spéciale ici au fait…).

Boum, les canons. C’est fini.

On attend un peu, les lumières tardent à revenir. Mon voisin, local et placide avec son ado à ses côtés, me remercie d’avoir gesticulé tout le long, c’est dire si c’est un pays étrange. Nous sommes les deux derniers à continuer à applaudir. J’entends un dernier « Youhou » sur ma droite. Les lumières ne sont toujours pas allumées. Je lui dis qu’ils vont revenir (un deuxième rappel, j’y crois sans y croire). Quelques secondes passent, il me dit « maybe ». Quelques secondes passent je lui dis « next year »…Et les lumières s’allument.





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