AC/DC reviendra
en France en Avril 1977, pour assurer la première partie de Black Sabbath,
le 5 à Paris et 6 à Colmar au Parc des Expositions ! Inutile de
préciser que nos deux frères ne voulaient louper ce rendez-vous
pour rien au monde ! Au début, il était même question de
se rendre à Colmar, en plus de la date parisienne….mais il fallait
surveiller les cordons de la bourse et donc se raviser uniquement sur Paris
! Jean-Paul et Richard n’ont pas trop envie de s’étendre
sur ce concert ! Ils ont été déçus… non pas
par AC/DC, mais pour AC/DC ! « C’était flagrant ! Ils se
sont faits arnaqués de A à Z ! Le son était pourri, les
lumières quasi inexistantes ! J’en avais mal au cœur pour
eux ! Le pire c’est que Bon et Angus donnaient le meilleur d’eux-mêmes
pour convaincre et pour montrer que, malgré les conditions désastreuses,
ils avaient quelque chose dans les tripes ! Je n’appréciais pas
trop Black Sabbath et ce concert m’en a complètement détaché
! » ajoute Jean-Paul ! « Il est évident que les roadies ont
complètement saboté leur concert ! La presse de l’époque
relatait qu’en coulisses, certains membres d’AC/DC en étaient
venus aux mains avec certains membres de Sabbath ! Je veux bien le croire !
D’ailleurs, nous, au bout d’un quart d’heure du concert du
Sab’, nous, on était reparti ! »
Il convient de préciser qu’avec la sortie de « Let There Be Rock », Jean-Paul et Richard ont subi un choc des plus conséquents ! Pour eux, ce fut le virage le plus colossal du groupe ! C’était comme si ils étaient devenus adultes ! Comme si « ils s’étaient mis les doigts dans une prise pour ne plus les retirer ! » Jean-Paul ajoute même que les albums précédents du groupe lui paraissaient , non pas fades, mais largement en dessous de ce que le groupe pouvait donner et offrir comme décharge électrique ! « Avec mon frère, nous avions un jeu qui consistait à trouver l’équivalent d’un morceau sur un autre album ! Par exemple, « Little Lover » avec « Ride On », « Rock’n’Roll Singer » avec « Problem Child » ou bien encore « TNT » avec « Dirty Deeds Done Dirt Cheap » ! En fait, on essayait de trouver des analogies entre les morceaux des différents albums ! Mais là, comment voulez-vous trouver un équivalent à « Whole lotta Rosie » ? C’était tout simplement impossible ! « Let There Be Rock » est l’album d’AC/DC ! Certes, “Highway to Hell” est bien aussi, mais, dans “Let There Be Rock”, il y a tout ce que l’on peut trouver chez AC/DC…et pour moi comme mon frère, ils n’ont rien fait de mieux depuis!Des Blues tel que « Crabsody in Blue », on ne peut en écrire deux dans sa vie ! J’aurais bien aimé les voir en concert lors de cette tournée !
Jean-Paul et Richard avaient sympathisé avec un disquaire parisien
qu’ils surnommaient affectueusement « Monsieur Boogie-Woogie »
! Ce type là réussissait toujours à avoir des disques introuvables
ailleurs ! C’est ainsi qu’un jour, chez Monsieur Boogie-Woogie,
Richard a dégoté la version australienne de « Let There
Be Rock » ! « Certes, il n’y avait uniquement que la pochette
qui changeait par rapport à la version européenne, mais l’intérieur
de cette pochette était splendide.. et rien que pour ça, j’ai
acheté l’album ! Je ne l’ai jamais écouté !
Je le préserve, le garde précieusement ! Nous sommes vers la fin
1978, et Monsieur Boogie-Woogie informe Richard que d’ici à quelque
jours, il aura le nouvel album d’AC/DC ! Et le 10 Mai 1978, dans l’après-midi,
nos deux frères ressortent du magasin avec sous le bras, la nouvelle
galette de vinyle de leur groupe préféré ! « Ce qui
avait de marrant avec Monsieur Boogie-Woogie, c’est qu’il réussissait
toujours à être livré avant l’heure ! Je crois savoir
que les autres disquaires n’ont reçu « Powerage » que
quelques jours plus tard ! » A l’écoute de « Powerage
», Jean-Paul et Richard sont légèrement déçus
! Légèrement, car le son de l’album, du moins, sa prise
de son leur semble fade ! C’est là aussi qu’ils ont appris
que le groupe avait changé de bassiste ! A l’époque, l’événement
était passé inaperçu et la presse ne l’avait pas
mentionné ou si peu ! Jean-Paul ajoute, « On avait appris que le
groupe devait jouer à Paris dans les mois suivants ! De plus, on avait
appris qu’AC/DC devait jouer sans être une première partie
quelconque ! Pour rien au monde, on voulait louper ça ! On s’est
renseigné partout où on pouvait pour avoir la date et le lieu
! Quoique le lieu, on s’en doutait vaguement ! Ce ne pouvait être
que le Pavillon de Paris ! On s’est renseigné, mais personne ne
savait rien.. ou alors très peu ! En fait, nous avons obtenu les informations
qu’un mois, à peine, avant le concert grâce à Monsieur
Boogie-Woogie ! Ce jour là, Monsieur Boogie-Woogie nous a même
appris qu’un live devait
sortir sous peu ! On était fou ! On en rêvait de ce live ! On était
impatient de pouvoir l’écouter ! Et Monsieur Boogie-Woogie, d’un
coup de baguette magique dont il avait le secret a réussi à l’obtenir
deux ou trois jour avant sa sortie ! C’était marrant, car cette
sortie était prévue le 24 Octobre, soit le jour du concert, et
dans la salle beaucoup de jeunes n’avaient pu se le procurer ! Nous, on
était fier et avait cette sensation d’être des privilégié
! Inutile de dire que l’on a écouté cet album religieusement
! Imaginant ce qu’allait être le concert du Pavillon de Paris !
Nous étions persuadés qu’ils attaqueraient le show par «
Riff Raff » ! Eh bien, non ! »
Ce 24 Octobre 1978, nos deux frères se rendent non pas au Pavillon de Paris, mais au Stadium ! Le groupe de première partie, Trust, ils en avaient vaguement entendu parlé ! Par contre, même si le concert fut grandiose, ils furent déçus par l’attitude de certains membres du public ! En effet, durant une bonne partie du show, Angus a rencontré des problèmes techniques avec sa guitare ! « Les espaces entre les morceaux étaient parfois longs, voire très longs ! Mais certains types gueulaient contre AC/DC ! Ils ne réalisaient même pas qu’Angus avait toutes les peines du monde à se battre avec dame technique ! Ils étaient nuls ! Le summum, ce fut sur « High Voltage », là, l’intro du morceau fut pour le moins inédite ! Une intro à la batterie, ça en a déconcerté plus d’un ! Par contre, une autre partie du public était beaucoup plus cool ! C’était sympathique de les voir scander le refrain de « Live Wire » ou de « Problem Child » avec le groupe ! De même, sur « The Jack » et « High Voltage », tout le monde, ou presque, répondait à Bon comme un seul homme ! Impressionnant ! et Richard d’ajouter « C’était marrant de voir ces types scander des titres du groupe ! Il y en a un qui n’arrêtait pas de crier « Overdose » ou « Dirty Deeds » .. c’était révélateur et c’est là que l’on s’est rendu compte qu’AC/DC avait de vrais fans en France ! On est ressorti du Stadium, la tête pleine d’étoiles ! On a écouté une nouvelle fois le live « If You Want Blood » toute la nuit ! »