Ont-ils composé en studio ou la pré-production avait-elle déjà été réalisée ? Quand ils sont arrivés, tous les titres étaient déjà maquettés. Comme la plupart des grands groupes qui ne veulent pas perdre du temps à créer en studio. Alors, c’est sûr, quelques idées, quelques modifications mineures de riffs se présentaient, mais à ce stade, les compositions étaient validées. Ils les connaissaient par coeur, ce qui explique aussi qu’ils effectuaient peu de prises. Le plus souvent ils jouaient tous ensemble. Mais attention, chacun isolé dans son espace. Ce n’est pas comme un enregistrement « live » où tout le groupe est dans la même pièce, avec un micro descendant du plafond pour capter le son. Ce que je veux dire, ce qu’ils ne venaient pas chacun à leur tour pour faire leurs prises, mais que le plus souvent ils jouaient tous ensemble. Bien sûr, il arrivait qu’ils refassent certaines petites parties individuellement. Le pivot, c'est quand même la batterie. Il faut qu'elle soit bien en place. La basse et les guitares venaient ensuite, et la voix était enregistrée à la fin. Rien de bien exceptionnel dans cette façon de travailler adoptée par tous les pros. Mine de rien, ça doit être enrichissant sur le plan humain de vivre comme ça quelques mois dans l’intimité d’artistes de renommée internationale. En tout cas, à ce stade de la conversation, c’est comme si je ressentais leur présence dans la pièce. Drôle de sensation, mais pourtant bien réelle. Après tout, ils ont « habité » ces lieux pendant près de deux mois, et ont semble-t-il, laissé des souvenirs vivaces derrière eux. Angus and Co : des professionnels... à 130 Db !Et le groupe, qu’en avez-vous pensé, vous qui avez vu passer de nombreuses personnalités de la musique ? Là encore, j’ai vu des professionnels. Derrière le succès, il y a toujours une bonne raison. On ne fabrique pas un artiste du jour au lendemain. On peut faire des étoiles filantes, à coup de pub, mais ça ne dure pas. Je venais les écouter un peu, parce que ce sont des gens assez impressionnants et intéressants. Brian... il a une voix ce gars... extraordinaire ! Qui se marie bien avec l’esprit du groupe d’ailleurs. Il a une puissance vocale phénoménale. Il chantait là, derrière la console. Il avait le retour-son sur les petites « écoutes ». Et une énergie... Il voulait chanter en « cabine » mais il développe une telle puissance que ça posait des problèmes. Les écoutes sont très fortes, et il provoquait un effet Larsen avec son micro. (le son de la voix de Brian, sortant des enceintes, était recapturé par son micro, d’où l’effet Larsen, ce sifflement insupportable). Angus jouait de la guitare lui aussi au même endroit, là où nous sommes (dans la cabine d’enregistrement) parce qu’il voulait s’entendre à travers l’écoute. Lui si calme dans la vie, vous lui mettiez une guitare dans les mains, il devenait comme fou. Il dansait, il sautait dans la cabine. La passion... Et tout était « réel », il jouait sur Marshall, point barre. En 1987, on ne parlait pas encore vraiment d'informatique. Ils ont la réputation de jouer très fort sur scène ? Ça se passait comment à Miraval ? AC/DC jouait vraiment à fond. Et ils écoutaient à fond. Dans la cabine, je peux atteindre 130 dB ! Et bien ils m'ont cassé des haut-parleurs ! Les bobines cramaient, les membranes se décentraient ! C’est certain, ce n'est pas un groupe qui joue calmement, il leur faut des décibels.
C’est un métier où l’on devient sourd vous savez.
De toutes façons, quand vous êtes en studio, si vous voulez entendre
le son d'une guitare, vous vous placez devant l'ampli, et vous mettez la tête
dans le Marshall. Et quand Angus ou Malcolm jouent, vous en prenez plein la
poire ! (rires) |
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