On s’interrogera également sur la symbolique, là encore, du strip-tease d’Angus et des connotations induites dans ce rituel. En effet, il est toujours cet instant où notre écolier s’empare de sa veste, parfois sa chemise, et la glisse entre ses jambes, suggérant un acte masturbatoire lancinant. Ce rituel se conclue par l’acte de saisir l’une des manches du vêtement et de suggérer la masturbation au sens propre du terme. Seulement voilà, Angus voit toujours ce phallus improvisé impuissant, empreint d’une mollesse inéluctable. D’aucuns y verront sans doute de l’ironie pure et simple, voire de la provocation primaire. Si provocation il y a, elle n’est certainement pas là où nous pourrions le penser.
Il y aurait un propre du Rock en tant que genre musical. Celui-ci ne pourrait s’originer qu’en regard d’un acte visant à le supprimer. Le Rock ne serait effectivement possible que par un double mouvement de négation. Or, dans l’expression de cette impuissance sexuelle, Angus démontre indirectement que ce double mouvement de négation ne renaîtra que par la musique elle-même et non par un principe structurel attendu.(7) En d’autres termes, et comme l’a démontré Nietzsche, toute création, quelle qu’elle soit, semble conditionnée par un quelconque principe religieux, reléguant l’Homme à un handicapé muni d’une béquille le soutenant d’un repos maladif, et non le laissant libre de toutes créations dégagées de contraintes et autres éthiques culturelles et religieuses. Par la même, et par déduction logique, par extension, Angus se présente comme le résultat des attaques des fondamentalistes chrétiens, qui n’ont jamais cessé de voir dans les manifestations sonores et corporelles du Blues, du Jazz et du Rock les signes de la possession démoniaques.
Mais il conviendrait, dans le même instant de considérer cet acte masturbatoire, ce « préliminaire » haranguant la foule puisque mis en scène comme un rituel, un jeu connu de tous, comme un prétexte à faire monter plus encore la tension, à intensifier le lien qui unit le public au groupe. La jouissance ne sera finalement que musicale, on soulignera le moment, quasi inexistant maintenant, où Angus s’en vient passer son bras entre l’entrejambes de Bon sur The Jack. Suggestion de l’érection qui, aujourd’hui, a laissé place à cet autre moment du concert où Angus passe sa guitare entre les jambes de Brian à la fin d’Highway to Hell… cette fois le membre n’est pas lâche et se propose comme point d’orgue du concert. Le climax étant atteint durant For those about to Rock avec le fracas des canons qui clôt l’union. (8) La pochette le suggérait déjà, avec cette métaphore du phallus et de ces deux testicules.
Malgré un silence souvent considéré comme pesant par les fans, le groupe suscite toujours autant de passion. De génération en génération, l’engouement pour les Boyz ne cesse de croître. (9) On ne compte plus les tribute bands rendant hommage au groupe, les divers artistes d’horizons musicaux variés y allant de leur cover... bref, tout un tas d’éléments, de paramètres rendant compte non seulement d’un succès irréfutable, mais également soulignant qu’AC/DC est entré dans le cénacle très fermé des groupes mythiques de l’histoire du Rock ! Les événements récents que sont la sortie de l’album Black Ice et le succès de la tournée mondiale, qui aurait très bien pu porter un titre comme The Fast Sold-Out World Tour, soulignent, comme si c’était encore nécessaire, l’impact et le rôle d’AC/DC dans l’univers du Rock !
(7) Que l’on songe aux canons de For those about to rock (we salute you) venant achever le show, le supprimant par définition ! Que l’on songe dans un autre registre à Lemmy de Motorhëad, concluant ses concerts en laissant sa basse seule sur scène, produire un larsen jusqu’à ce que celui-ci se court-circuite et achève la prestation.
(8) A retenir aussi que « to rock » en anglais signifie également « baiser » ! De plus, tel un orgasme surpuissant, le final de ce morceau atteint parfois les quelques 5 minutes !
(9) Les publicités télévisuelles réalisées pour la promo de l’album Stiff upper Lip sont révélatrices à cet égard. Entre le quadragénaire promenant son chien, le cadre dynamique mettant de l’essence dans sa voiture…….. tous, malgré leur âge que les critères sociaux désignent comme « casés » ne peuvent s’empêcher de secouer la tête à l’écoute d’un riff d’AC/DC.
Dossier réalisé par Jul' et Eirka - décembre 2008 -
