Plus sur Let There Be Rock - The Movie
Aujourdhui,
trouver un support vidéo nous montrant tel ou tel groupe en live
est chose aisée. Il suffit tout simplement de se rendre dans
un magasin approprié et de fouiller dans les bacs pour satisfaire
son désir ! Hier, les choses étaient beaucoup moins simples
ce qui nous apparaît aujourdhui comme un acte des plus quotidien,
(à savoir brancher son magnétoscope ou son lecteur DVD),
était de lordre du surnaturel ! Voir AC/DC, rien que sur
son écran de télévision pour quelques minutes magiques,
à la fin des années 1970 reposait sur le facteur chance
! Surtout en France, où à part la feu émission
« Chorus », aucune émission ne proposait la moindre
séquence de la bande à Angus ! Il était inéluctable
que les shows hautement visuels dAC/DC ne puissent échapper
à lil des caméras, et plus précisément,
celui des cinéastes ! Cest lors du concert au Stadium de
Paris, le 24 Octobre 1978, que lidée de tourner un film
sur nos chers australiens germera dans lesprit dEric Mistler.
Après avoir réussi à convaincre une petite maison
de production basée à Paris « High Speed »,
cet ancien photographe, en compagnie dEric Dyonisius se lancera
dans laventure extraordinaire de filmer AC/DC sur scène
!
Cependant, il convient de relativiser certaines données du projet
! En effet, au départ léquipe nétait
pas très sûre de la forme quallait prendre le produit
final ! Eric Mistler déclarera que la première idée
retenue fût de réaliser quelques films promo sur le groupe,
mais, se voyant confronté à une musique qui déménage,
il optera pour le long métrage. A lautomne 1979, Eric Mistler
et Eric Dyonisius nouent leurs premiers contacts avec le groupe. AC/DC
accepte de se prêter au jeu du tournage, mais refuse de financer,
si ce nest quen partie, le film. Lopération
sera donc tout bénéfice pour eux !
Conscients de la difficulté quant au projet entrepris, nos 2
Erics ont lintelligence de ne pas foncer en aveugle dans laventure
qui les attend ! Cest pourquoi, une délégation extraite
de léquipe de tournage se rend en Allemagne, à Ludwigshafen
quelques jours avant le(s) concert(s) de Paris afin deffectuer
quelques repérages aux moyens dune caméra vidéo
et voir ainsi où se passe l »action » sur tel
ou tel morceau du concert. Cette équipe sera accompagnée
de Klaus Blasquiz en tant que conseiller musical.
La
première partie du tournage se déroule du 6 au 9 décembre,
entre Metz, Reims et Paris. Le show lui-même sera filmé
à Paris avec des moyens techniques impressionnants ! Jugez vous
mêmes ! Pas moins de 6 caméras.. dont une montée
sur Louma, (grue mobile de 8 mètres de haut dirigée au
moyen dun circuit vidéo incorporé et permettant
ainsi dobtenir des angles de vue audacieux ! La partie son sera
mise en boîte par le Studio Mobile One équipé en
2 X 24 pistes.
Quelques petits incidents viendront animer le tournage du concert !
Le rideau cachant la scène au début du show se fera récalcitrant
et refusera de souvrir pour la seule fois de la tournée.
Angus, désormais habitué à jouer avec un émetteur
se verra contraint dévoluer sur scène avec un jack
reliant sa guitare à ses amplis ! En effet, le jour fatidique,
ce petit appareil permettant à Angus daller et venir selon
ses envies, tombera en panne ! Nous sommes un dimanche, et Angus Young
ou pas
.. les magasins sont fermés en ce jour du «
saigneur » ! Quant à Bon Scott, une laryngite ne sera pas
sans venir troubler ses cordes vocales ! Laryngite quil soignera
à lalcool ! Selon Eric Dionysius, « cétait
limite » ! Eh bien, limite ou pas, il nempêche que
Bon nous a démontré ici les qualités de sa «
palette » sonore !
Malgré des conditions de tournages très précaires,
tout se passera pour le mieux ! « Conditions de tournage précaires
», car il nest pas rassurant pour une équipe cinématographique
dopérer au milieu dun public composé de 8000
kids en transes ! Qui plus est, le volume sonore dégagé
par le groupe ne sera pas sans compliquer la täche aux réalisateurs.
Les opérateurs, situés au maximum à 15 mètres
de la scène, nentendent rien dans leur casque respectif
! La communication seffectuera par le langage des signes. Le tout
se devant dêtre obligatoirement impeccable dès la
première prise ! En effet, ici, le contexte ne se prête
pas à recommencer telle ou telle scène comme dans un film
« ordinaire » ! De plus, il faut savoir quici chaque
opérateur était isolé dans un coin de la salle.
Pour recharger les magasins de films, une navette rapide est instaurée
entre une pièce spécialement aménagée à
cet effet et différents points épars où se trouvent
les opérateurs. Pour ne pas perdre une seule image du concert,
un minimum de 2 caméras est constamment en action à nimporte
quel moment.
Les scènes extra-musicales ne seront pas non plus sans poser
quelques problèmes. Bon Scott devait à lorigine
conduire une grosse moto, mais la lumière se révélant
insuffisante, il se métamorphosera en danseur sur glace. Jean-Francis
Gondre , le chef opérateur, déclarera plus tard que lorsque
Bon dansait sur la glace du grand canal au Château de Versailles,
celle-ci craquait sous chacun de ses pas ! On ose à peine imaginer
les conséquences pour la suite de la tournée si Bon était
tombée dans une eau à 0°. Lidée de ce
« ballet sur glace » nétait pas programmée
! Elle est venue spontanément lors dune ballade au château
de Versailles. En fait, ce quil faut surtout savoir, cest
quà lorigine, Bon devait conduire une grosse moto
en référence à lune de ses passions, mais
des problèmes de lumière insuffisante ont mis fin à
cette séquence.
«
Let There Be Rock » est un film qui en son origine a vu 9000 mètres
de bandes filmées ! On imagine aisément que pas mal de
scènes ont été supprimées du montage final
! Notamment ce moment où durant le « strip tease »
dAngus sur « Bad Boy Boogie », Bon sautait à
la corde en coulisse pour rester dans le rythme. Les interviews ont
également été raccourcies. A lorigine, elles
étaient beaucoup plus longues !
La seconde partie du tournage se déroulera le 23 janvier 1980,
au Mans et fournira surtout des plans densemble du groupe. Le
film terminé, un premier mixage sera effectué. Celui-ci
ne plaisant pas au groupe, il sera refait par Tony Platt, le mixeur
habituel du groupe, aux Studios Family Sound de Paris.
La disparition de Bon sest produite 2 à 3 jours avant que
les réalisateurs du film naillent montrer aux membres du
groupe le montage de la « copie-travail ». Lors de cette
première projection test, tout le monde était abattu et
habité dune émotion conséquente. Toujours
est-il que la seule chose qui ait été modifiée
suite à la mort de Bon, cest lajout sur la dernière
image de cette phrase qui en dit long « TO BON » ! Enfin,
précisons que Bon Scott a vu les 3 morceaux du film !
«
Let There Be Rock » sortira en France le 10 décembre 1980
et coïncidera avec la tournée française du groupe
pour lalbum « Back in Black ». La plupart des salles
diffusant ce long métrages seront équipées dune
sono supplémentaire. Pour lanecdote, ceci ne sera pas sans
causer quelques problèmes dans une salle parisienne ! En effet,
le son est capté par la tuyauterie du cinéma et se déverse
dans une cour dimmeuble quelques 100 mètres plus loin.Jolie
métaphore pour préciser que « Let There Be Rock
» (initialement prévu pour nêtre distribué
quen France !) connaîtra un succès retentissant dans
une grande partie du monde ! Cependant, les réalisateurs du film
ont eu certains démêlés avec le management dAC/DC
suite à lexploitation du film aux Etats Unis. En fait,
au pays de lOncle Sam, le film sest mis à poser un
problème quant à lidentification du nouveau chanteur
dAC/DC.. à savoir Brian Johnson !
Une dernière anecdote amusante !.. Angus a failli se payer la
Louma (cette caméra mobile !) plus dune fois en se balladant
sur scène ! On imagine très bien Angus, scotché
à notre écran de télévision
..
EirKa
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