Je rebondis sur un récit fort réjouissant de l'ami TofVw, à propos de son concert mémorable à Amnéville en 2000, organisé pour le moins à l'arrache, mais qui lui a laissé des souvenirs impérissables.
Et on le comprend ! Sans condescendance aucune, à ceux qui se posent moultes questions sur l'endroit où ils pourront manger, si on peut faire pipi, si on est mieux placé en rang H qu'en rang I... laissez aussi une part à l'inconnu (sans bien sûr jouer les têtes brûlées) ! Vous aurez des imprévus, mais c'est aussi grâce à ça que vous vous forgerez des souvenirs. Illustration avec la première partie de mon épopée anglaise, il y a de cela 14 ans, et qui reste, humainement parlant, un des concerts (si ce n'est LE concert) qui m'a le plus marqué.
J'avais 20 ans à peine, et une magnifique crinière léonine encadrait ma bouille d'enfant de chœur. Depuis, j'ai un peu plus de poils au menton et un peu moins sur le crâne, mais c'est une autre histoire. A l'été 2000, la tournée des Boys était annoncée et les billets étaient mis en vente. De mon côté, je me préparais à passer une année au Royaume-Uni et j'avais bien les boules de ne pas pouvoir participer à cette tournée, étant à l'étranger pendant que TofVw ferait la chouille à Amnéville ou d'autres à Bercy. Et tout à coup, j'ai eu l'illumination : qu'est-ce qui m'empêchait de faire une date en Angleterre, pardi ? Mais c'est bien sûr ! Reste à savoir où...
A l'époque, je fréquentais pas mal des forums anglophones consacrés à AC/DC. A cette occasion, je prends contact avec un type que nous appellerons John, histoire qu'il me conseille sur les dates, les endroits où "ça bouge". Il me conseille de faire Birmingham, où il habite, car l'ambiance y est d'après lui géniale, et que ça se passera au NEC, qui devait encore être à l'époque la plus grande salle de spectacle d'Europe. Banco, je ne sais même pas où est Birmingham, et encore moins à quelle distance ça se trouve de ma future ville de résidence, mais c'est un détail. J'en reste là pour l'instant avec John.
Plusieurs semaines après la mise en vente des billets, après avoir répété mon texte devant ma glace, je prends donc mon téléphone (!) pour appeler le NEC et leur demander s'ils ont encore des places. La gentille opératrice me dit que oui. Super. Ca se corse quand je lui demande quelles sont les meilleures places disponibles : elle me sort un monologue auquel je ne comprends goutte, et je comprends encore moins le prix qu'elle m'annonce. Bon tant pis, on va pas discuter 107 ans, je lui dis "I take that", sans percuter que pour moi, la meilleure place c'est là où il y aura le plus d'ambiance et que pour elle, la meilleure, c'est la plus chère. Je me mets à ânonner péniblement mon numéro de CB et à lui épeler mon nom et mon adresse. Je crois qu'elle me dit que tout est ok, mais je n'en suis pas vraiment sûr. Quant au mail de confirmation, vous pensez bien qu'en ces temps préhistoriques, il ne faut pas y compter. C'est donc fébrilement que j'attends mon billet, qui arrivera quelques semaines plus tard, à quelques jours de mon départ. Ca sera évidemment la première chose que j'emporterai dans mes bagages.
Quelques mois passent et la date du concert approche. J'ai encore quelques interrogations et reprend contact avec John, qui a été grandiose.
"John, comment on fait pour aller au NEC depuis la gare routière ?
- C'est le bordel, il faut prendre 15 correspondances. Si tu veux je te réceptionne et je t'amène vers le centre-ville, en t'indiquant comment aller au NEC."
"John, j'ai acheté une place en gradins, tu crois que je peux l'échanger contre une place en fosse ?
- Normalement non. Mais ça tombe bien, j'ai bossé au NEC où j'ai encore des contacts. Je peux t'arranger ça.
- Génial ! Du coup, ça te dit qu'on y aille ensemble ?
- J'allais te le proposer ! Je te cherche, on boit quelques bières à la maison, et ensuite la patronne nous emmène au concert et elle nous ramène après.
- Ca va pas la déranger ?
- Naan, ça lui fera plaisir. Par contre, une fois que je t'ai aidé à échanger les billets, je ne serai pas avec toi en fosse, je serai en gradin avec mon petit dernier [car John a 40 ans et 3 gamins]. On se retrouve à la sortie.
- Extra. Au fait, tu crois que tu peux me dégotter un pass backstage ?
- Là tu pousses un peu mon gars !"
"John, au fait, j'aurai plus de bus pour partir de Birmingham après le concert. On peut dormir à la gare ?
- T'es malade ? Tu vas te faire détrousser. Dors à la maison !
- Euh, t'es sûr que ça te dérange pas ?
- Nan, tu prendras un canap' dans le salon, ça me fait plaisir.
- Ah bah cool. Au fait, comment je te reconnaîtrai ?
- Je suis costaud et j'aurai une casquette AC/DC.
- Ok, ben moi je suis petit et j'aurai un T-shirt AC/DC. A bientôt."
Et me voila donc embarqué dans mon bus pour Brum. A aucun moment avant d'en parler à des potes, il ne m'est venu à l'esprit que ce gars que je n'avais jamais vu, avec qui j'avais dialogué 4 ou 5 fois sur un forum, puisse être dangereux ou juste complètement cinglé. Après tout, il était fan d'AC/DC, c'est un gage de qualité. Mes copains m'ont donc supplié de les appeler sitôt arrivé, et aussi à la fin du concert, et aussi dans la soirée, et enfin quand je serai dans le bus du retour. Je promets tout ce qu'ils veulent. Après tout, ça ne m'engage pas à grand chose, je n'ai pas de portable !!
La suite au prochain épisode...