Marseille, 13 mai 2016, review de Arnukem | Highway To ACDC : le site francophone sur AC/DC

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Marseille, 13 mai 2016, review de Arnukem

Ironie du moment. Alors que chez le patron, le cognitif a lâché, c’est l’affect de ses fans qui est mis à rude épreuve. C’était plus qu’un concert, c’était une plongée en chacun de nous. Et là, personne ne détient la vérité absolue. Il y a autant de vérités que de personnalités ici.

Axel a cristallisé le débat, tellement qu’il nous en a fait oublié que ce n’était pas de lui dont la soirée s’agissait, mais de nous. Comment imbriquer ce chapitre dans notre histoire avec le groupe, comment l’appréhender, le digérer, comment ne pas ressentir ce choix comme une agression, une crise identitaire. Comment se sortir de là gagnant.

Pour beaucoup, et les reviews en témoignent, cela passait par la réunion avec les potes, le partage, une stratégie réconfortante de diversion, une posture positiviste. Pour d’autres, trop affectés, c’était simplement trop compliqué. Nous sommes tous différents, point. Le débat n’a de facto aucune utilité d’exister à ce niveau là.

Là où il peut exister, c’est sur la musique. Mais il faut alors qu’il soit le plus impartial possible. Et dans la musique, la garde robe d’Axl n’a rien à voir (sauf si on considère que le frais mistral sous un kilt peut, en chatouillant les couilles, permettre une remontée mécanique des testicules dans les bourses, permettant un For Those About to Rock plus haut perché). La garde robe d’Axl relève du paragraphe du dessus. De notre unique perception et de notre propension, ou non, à se laisser biaiser par celle-ci dans notre jugement.

Non pas qu’une perception biaisée par l’affect soit inutile, bien au contraire, elle est saine et c’est elle qui nous fait vibrer, mais parce que si elle est niée, elle contribue à un débat musical fallacieux.

La musique donc. A commencer par le son. Je ne suis décidément pas fan du son d’Angus sur cette tournée ROB. Je ne sais pas si c’est le Schaffer Replica qui fait ça mais je trouve le son plus confus, les graves moins ronds. Il n'y a qu'au moment de la petite intro sur HTH que j'ai retrouvé un vrai veau son angussien. J’ai apprécié d’entendre enfin la caisse claire de Chris après qu’elle eu été complètement mangé par cette grosse caisse abusivement en avant sur les deux SDF de l’année dernière. Stevie un peu plus devant dans le mix aussi, chose appréciable. Au final, pour avoir été positionné chaque fois au meme endroit, je trouve que le son général est bien moins bon sur le ROB tour que sur le BI tour (open air aussi en comparaison). Et puis, et là ca vient aussi et surtout des musiciens (Stevie et Chris), il me manque clairement cette enveloppe sonore, ce groove de la partie rythmique qui manque très cruellement sur Hell Ain’t a Bad Place To Be ou Have a Drink on Me par exemple. J’ai du mal à retrouver cette notion de groupe. Angus m’a paru tellement esseulé.. Lui qui un jour répondit « quand je vois mon frère casser ses médiators sur la fin de For Those About to Rock » quand on lui demandait quel était son moment préféré pendant les concerts. Axl. Je n’ai pas vraiment aimé. Je l’ai trouvé trop dans la démonstration de force alors que sa voix parlée, entre les chansons, me paraissait intéressante. Trop de puissance, trop criard au final et assez fatiguant. le répertoire d’AC/DC ne lui sied pas. Et c’est réciproque.

Maintenant, en toute objectivité et face à l’urgence de la situation et la complexité de l’équation à résoudre pour Angus, c’est à dire d’offrir tout de même un show de qualité au presque million de fans qui avaient acheté un billet, il est impossible de dire qu’Axl était une mauvaise décision. Elle est artistiquement contestable, elle est humainement discutable mais elle est loin d’être injustifiable d’un point de vue stratégique, économique et rapport qualité / contentement de 90% du public. Une fois son goût personnel sur sa voix exposé, il n’y a pas vraiment pas grand chose à reprocher au mec sur son investissement et son attitude dans le groupe. Bon sa blague « we have a guest singer for you tonight » en lançant TNT et les chants d’Angus n’était pas forcément de très bon goût mais bon..

Il est encore trop tôt aujourd’hui, pour moi, de digérer ce concert là. Tout simplement parce que je n’arrive pas à le contextualiser dans mon histoire avec le groupe. Les prochains mois me donneront sans doute la réponse. J’espère simplement que je pourrai le glisser dans le chapitre des anecdotes et des aléas et qu’on pourra en sourire dans quelques années.

En attendant, il me semble important que nous prenions le recul nécessaire et que vous gardions notre lucidité dans le débat. Nous traversons une zone de turbulences, et notre affect est mis à dure contribution. Que ce soit dans l’enthousiasme, la tristesse, le positivisme ou le défaitisme, nous respirons et nous ressentons. Prendre conscience de la nature de cet état là est un premier pas pour digérer et avancer. Ou arrêter. Mais accepter en tous cas.

Et puisque notre nouvel animateur ACDCGNR aime tant les citations, mettons nous au diapason:

Gilles Deleuze, Spinoza philosophie pratique

Tant que nos sentiments ou affects découlent de la rencontre extérieure avec d’autres modes existants, ils s’expliquent par la nature du corps affectant et par l’idée nécessairement inadéquate de ce corps, image confuse enveloppée dans notre état. De tels affects sont des passions, puisque nous n’en sommes pas la cause adéquate.





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