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La Genèse de Powerage

1977 est une année charnière dans la carrière d’AC/DC. En effet, non seulement de proposer son album le plus brut de décoffrage, le plus compact d’alors, et répondant au titre de Let There Be Rock, les Boyz vont également s’attaquer au marché américain. Une nouvelle dimension s’ouvre alors pour le groupe. Certes, AC/DC n’a pas encore l’étoffe que nous leur connaissons aujourd’hui, mais force est de constater que la AC/DC Connection a franchi un stade supérieur. Or, est là règle vaut pour n’importe qui, lorsqu’un virage est abordé, ce n’est pas tant le produit matérialisant ce revirement qui est délicat à assumer, mais, et surtout, celui qui va lui succéder. Quelle direction pouvait prendre le groupe après l’ouragan électrique qu’est Let There Be Rock ?

“AC/DC, dont voici le quatrième album, joue le rock tel que les américains, trop occupés à danser le samedi soir, ne savent plus le faire. Powerage n’est pas de ces albums enregistrés, vison sur l’épaule et poule de luxe au bras, entre deux parties holywoodiennes, mais unes de ces comètes électriques qui remportent d’emblée l’adhésion totale de l’auditeur et lui arrachent le sourire heureux qui témoigne d’une profonde joie. AC/DC n’a peut être pas inventé la poudre, mais il y met le feu, et dans le genre qu’il pratique cette grâce là vaut tous les brevets d’inventeur. Quelle conviction ! Ou plutôt : ce talent ! » Benoît Feller, Rock&Folk, juillet 1978 (chronique de Powerage)
Malgré cet article dithyrambique de la revue française Rock&Folk, Powerage sera l’album de nombreuses controverses. Sans anticiper sur notre propos, précisons seulement que les critiques de l’époque n’ont pas toujours été élogieuses envers cet opus annonçant l’AC/DC 1978... et pourtant, aujourd’hui, pour bon nombre de fans, cette année reste sans doute l’une des meilleures, si ce n’est la meilleure, de la carrière du groupe. Il aura donc fallu que le temps fasse son œuvre pour que cet album qu’est Powerage soit reconnu et validé à sa juste valeur.

Enregistré en février – mars 1978 aux Albert Studios de Sydney , Powerage voit sa production assurée par le tandem Vanda – Young réuni pour la dernière fois (si on excepte le live « If you want blood ») avant son retour en 1986. De même, Mark Evans ayant quitté le groupe lors de la tournée précédente, Cliff Williams connaît donc son baptême du feu en tant que bassiste du groupe. Certes, sans être un instrument à la présence édifiante, l’arrivée de Cliff va amener une nouvelle touche, discrète, mais néanmoins subtile, aux compositions des frères Young. En effet, Gimme a Bullet ou encore Gone Shootin’ contiennent quelques petits motifs mélodiques qui, sans dénaturer l’esprit AC/DC, n’en demeurent pas moins efficaces pour qui sait tendre l’oreille. Petits motifs mélodiques que l’on retrouvera aussi sur certains morceaux comme Love Hungry Man extrait de l’album Highway to Hell, et, qui disparaîtront totalement à partir de Back in Black.

Là où Let there Be Rock se présentait comme une bombe phénoménale de puissance et d’énergie, Powerage mise sur davantage de retenues. Là où Let there be Rock voyait chacun de ses morceaux être incisifs, allant directement au but, Powerage mise sur davantage de finesse. (ce qui ne retire en rien la qualité inhérente au brûlot qu’est son prédécesseur). A ceci, un paramètre notoire : les frères Young ont innové en matière de structures harmoniques. En effet, le fameux riff en II-V-I inhérent aux compositions des albums précédents (The Jack, Rocker, Bad Boy Boogie ou bien encore There’s gonna be some rockin’) est en minorité sur cet album. Tout au plus le retrouvons-nous sur Up to my neck in you, voire, sur Kicked in the teeth. Alors me direz-vous, si AC/DC a proposé une innovation dans ses compositions, pourquoi la critique de l’époque s’est-elle montrée, majoritairement, réticente à ce nouvel opus des Boyz ? Disons que la production y a fortement contribué. Pour reprendre les propos d’un journaliste de l’époque, il semblerait que les baguettes de Phill Rudd ont séjourné dans l’humidité d’une région tropicale. Que les cordes de la basse de Cliff Williams sont entourées de coton. Il est vrai que le son de cet album est particulier, un peu sourd, manquant de clarté et d’impact. Mais n’était-ce pas là une volonté de créer une ambiance plus intimiste couplée à la couleur très bluesy donnée à cet album ? Car oui, avec Powerage, AC/DC n’a jamais autant sonné bluesy ! Down payment Blues en est la preuve parfaite !

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