Lors de la tournée 1996, AC/DC a fait quelques concerts en France, en
oubliant à l’origine le sud ouest de la France, à mon plus
grand regret… Tant pis, ce n’est pas grave, je ne les ai pas vu
depuis le Monster of Rocks de Vincennes en 1991 ! Après concertations
avec quelques amis, nous décidons donc de prendre des places pour Lyon.
Je retirai donc les précieux sésames à la Fnac la plus
proche plusieurs mois à l’avance…. Courant Mai, grosse surprise,
en lisant le Parisien, je fus agréablement surpris de voir qu’AC/DC
rajoutait un concert sur Bordeaux, le 13 juillet… Bien que les billets
pour Lyon étaient
déjà achetés…depuis bien longtemps…, je contactai
donc la joyeuse troupe pour leur demander si ils étaient ok pour annuler
le Lyon et pour filer sur Bordeaux… J’ai eu l’aval de tout
le monde (200 km contre 700 pour Lyon, il n’y a pas photo..). Me revoila
donc à la fnac de Pau pour prendre les 5 billets pour Bordeaux…Que
faire de ceux de Lyon. ???. J’ai appelé un ami résidant
dans la banlieue Lyonnaise pour me faire passer une annonce sur un publi gratuit
local… avec mon numéro de téléphone . Inutile de
vous dire que j’ai été assailli de coups de fil la semaine
qui suit. Ces 5 billets sont partis comme des petits pains, le show étant
sold-out depuis bien longtemps. Me revoila donc dans mes frais. Tout va bien.
Le 13 Juillet, nous nous étions donc tous fixé rendez vous chez
un ami, à 13h00. sachant qu’il nous faut deux heures pour aller
à Bordeaux. Le « petit » pélerinage envers les dieux
du Rock’n’roll a enfin commencé. Evidemment, il en manque
toujours un.. l’heure tourne, personne… on décide d’aller
le cueillir chez lui… après avoir tambouriné un quart d’heure
à sa porte..il nous réponds, l’air assez fatigué…
effectivement, on est samedi, et hier soir, d’après ce qu’il
nous dit, il est tombé dans un attentat apéritif qui s’est
terminé très tôt ce matin !. On lui laisse 3 mn pour se
doucher, et on l’embarque a vitesse grand V. Il est plus de 14h. On s’arrête
à la sortie de ma ville dans un supermarché, histoire de prendre
quelques sandwiches et autres collations. On rencontre deux copains qui font
de même…qui eux partent aussi sur Bordeaux pour voir AC/DC à
bord d’une vieille 4L fourgonnette. On décide de faire la route
ensemble.Evidemment, l’ami fêtard saisit l’occasion de nous
fausser compagnie pour les rejoindre.. à l’arriere de la 4L où
il pourra donc continuer sa nuit (..). Nous voilà donc sur la route,
sous un soleil de plomb, roulant à vitesse modéré, 4L oblige.
Les cent premiers kilométres se passent sans encombre… jusqu’au
moment où nous arrivons à l’entrée de l’autoroute
de Langon. Bordeaux à droite..et Toulouse tout droit. La 4l devant moi
(pour ne pas la semer), on rentre ensemble au péage..et…évidemment,
François (celui qui conduit la 4L ) prends la direction de Toulouse…Frayeur
dans notre voiture, on se met tous à hurler ! J’hésite..je
prends Toulouse ou Bordeaux. ? Allez, je prends Bordeaux. Tant pis pour eux
! je rentre sur l’autoroute..fais 2 km et m’arrête sur le
bas côté, en sortant de la voiture et en ouvrant le capot, simulant
une panne. J’attends deux minutes..et je vois tout au fond, heureusement,
la bonne vieille 4L qui fait office de Wagon lit qui apparaît. Je leur
fais signe de ne pas s’arrêter..eux me répondent avec un
large sourire un peu gêné. Je les rattrape et nous nous arrêtons
dans une aire, histoire de prendre un verre. La, j’apprends qu’ils
ont fait tout simplement demi-tour sur l’autoroute..et on reussit à
passer de l’autre côté pour prendre la direction de Bordeaux.
Je ne me prive pas de les engueuler copieusement. Le couche tard s’étant
rendu compte de rien, dormant toujours. Bon, on continue..
A rrivée enfin à 17h au parc des expos de Bordeaux-Lac. On est
tous impressionnés par le nombre de voitures dans cet immense parking.
On réveille qui vous savez, on sort tous nos tickets..et on commence
à faire la queue à l’entrée. Je suis étonné,
aucune fouille !!. J’aurai pu venir avec un camescope de 10 kg que cela
n’aurait gêné personne. On rentre dans l’arène..et
on apercoit l’immense scène du Ballbreaker tour, qui me faisait
rêvé sur les photos de Hard Rock magazine. La foule est impressionnante,
mais l’endroit est immense. Ce qui nous permet donc de ne pas être
les uns sur les autres. La chaleur est insoutenable. On se dirige tous vers
les W.C qui sont dans un des bâtiments…et qui ont donc le mérite
d’être a l’ombre. A vrai dire, c’est là, dans
ce couloir, que j’ai passé la grosse majeure partie de mon temps..ratant
les 1eres parties (Silmarils & Sepultura) au profit de la fraîcheur…
Il est Vingt heures… Enfin, les Specials guests ont fini leurs gigs…
je décide de mettre le nez dehors… au frais ! Je m’avance
dans la foule, essayant d’arriver assez près de la scène.
Ce qui fut chose facile, à mon grand étonnement, le terrain étant
quand même assez grand. Rien à voir avec une fosse de Salle ! Les
organisateurs ont même pensé de facon intelligente à mettre
une tribune, pas trop loin de la scène, à l’attention des
gens handicapés, qui étaient pleine de personnes en fauteuils.
Bravo pour y avoir penser. Comme dans tous les concerts auxquels j’ai
pu assister, il y a toujours une « bande » de quelques emmerdeurs,
à moitié bourrés qui dérangent tous le monde. Ils
ne sont pas loin de moi… Pas grave, on laisse faire. Juste en face de
moi, je fais connaissance avec un gars, très sympathique…la quarantaine
grisonnant..et arborant sur son dos, un blouson en Jean avec des patches AC/DC
de la bonne époque..et un autographe de Bon Scott au marqueur noir !
Je lui demande – évidemment- si c’est un vrai !. La réponse
ne tarda pas…effectivement, un vrai ! Il me parle de ce concert de Clermont
Ferrand en 79 où il a rencontré Bon Scott en Back stage, et apparemment,
il en garde un souvenir ému, me disant qu’il ne sort cette relique
de blouson que pour les concerts d’AC/DC ! on parle de longues minutes
du groupe, et on ne voie pas le temps passer… 20h45… pas d’AC/DC…
!!!..bon, on attends, et on papote…. 21h15, toujours rien !..la pression
monte… C’est rare que les boys ne soient pas à l’heure
!… des rumeurs vont bon train… (le groupe serait encore sur la route
… Angus est malade..etc…) 21h30..des sifflets se font entendre !
la clarté baisse… 21 H 45…d’un coup, enfin l’intro
de Beavis & Butthead apparaît sur l’écran ! Enfin ! bien
que je trouve cette intro vraiment ridicule… La grue se met en marche,
dans un bruit assourdissant, sa boule se promenant jusqu’au choc final
avec le château. Ca y est ! Angus apparaît dans un costume de couleur…bordeaux
!, bien que restant toujours des débris sur la scéne des simili-
pierre ! (je n’ai jamais compris comment Angus n’en a jamais recu
sur lui, sortant quand même très prématurement !)
Des les premières secondes de Back in black, je comprends que nous allons
vivre un concert hors norme aujourd’hui ! le groupe étant au TOP
de sa forme. Le public répond présent ! et comme par hasard, ca
secoue dur du côté des « emmerdeurs »… qui quittent
la place pour retourner bien loin derrière.. L’endroit se calme
aussitôt ! (c’etait fait exprès, à mon avis !). Shot
down in Flames.. Brian est fabuleux !, Angus
bouge comme à ses vingt ans !. On continue « Thunderstruck »,
« Girls got rythms », version incroyablement réussie ! ,
« Hard as a rock », premier titre de l’album de la tournée,
et les autres morceaux s’enfilent comme des perles, le groupe entier faisant
corps avec le public. Je n’avais jamais ressenti ça auparavant,
une telle connivence !. « Boogie man »…magistral ! et avec
le sacro saint strip d’Angus qui joue comme jamais avec le public…et
qui finit par montrer ses fesses ! à notre grand étonnement !
(Chose rare depuis 1988 !). On continue le voyage interplanétaire dans
la galaxie ACDCiénne avec « Hail cesar », l’incontournable
« Hells bells » et Brian faisant son pitre en se balançant
à la cloche et qui amuse le public. « Dog eat dog », morceau
d’une incroyable puissance qui nous rappelle l’époque bénite
de 1978. Les morceaux s’enchaînent tous avec une incroyable fluidité
! « The Jack », autre grand classique dont on ne se lasse pas…
« Ballbreaker » enfin ! Mon morceau préféré
de l’album du même nom et des 90’s. Brian est impressionnant,
et se balance au-dessus de la scéne sur cette immense boule de démolition.
On est aux anges. Le groupe joue sans fausse note, c’est clair et precis,
et ça ne sent pas du tout le réchauffé.
Ensuite, la cerise sur le gâteau ! Je vous laisse imaginer le plaisir
d’entendre Brian annoncer au public Bordelais le morceau suivant «
Down payement blues » !!!.. Je rêve ???. et là, c’est
l’apothéose… Angus court beaucoup sur ce morceau, Malcolm
prend apparemment un plaisir non dissimulé à le jouer et..comment
dire…. Un pincement au cœur comme si l’ombre de Bon Scott planait
sur la scène en ce moment précis. Brian le chante parfaitement.
Le final « assez » improvisé reste à la mesure de
ce PUR moment de bonheur. On reste humble. Merci pour ce morceau les Boys. On
reprend la route avec une playlist « habituelle » mais à
la mesure du concert avec « Dirty deeds », « You shook me
all night long », « Whole lotta rosie » avec quelques larsens
aussi gros que la Rosie gonflable, « TNT » toujours aussi puissant
et jouissif, un « Let there be rock » pêchu avec son jeu de
cache-cache avec Angus et le rappel avec évidemment « Highway to
hell » toujours aussi indémodable et « For those about to
rock » qui sonne la fin de ces 2h10 de bonheur intense. Un splendide feu
d’artifice éclate sur nos têtes.. pas les quelques pétards
que nous avions pu voir après le Stade de France 2001… Là,
c’était un vrai de chez vrai qui a duré une bonne quinzaine
de minutes, avec de belles bleues, rouges et tout et tout ! Offert par la municipalité
de Bordeaux…Sympa ! mais n’étions-nous pas le 14 juillet
, puisqu’il était minuit passé ?… Je me retourne une
dernière fois… je comptemple la scéne, et je vois déjà
les roadies à la tâche pour commencer le démontage. Déjà
! Je suis la marée humaine vers la sortie. Du monde partout. Je suis
triste de quitter ce lieu qui fut magique pendant plus de deux heures. Mais
fier néammoins d’avoir assister à quelque chose de magique.
Sur les interviews de fin 1996 et 1997, j’ai lu à plusieurs reprises
que les Boys gardaient un souvenir fantastique de ce soir là. Et n’avaient
pas eu peur de dire que ce Bordeaux 96 était le meilleur concert de la
tournée « Ballbreaker tour ». Bien loin d’un Madrid
enregistré pour une sortie vidéo quelques jours plus tôt
(le 10 juillet). Aussi, il faut signaler que c’était le dernier
concert prévu sur le vieux continent, avant d’attaquer vingt jours
plus tard, la seconde partie des stades et salles américaines. Nous revoilà
donc sur le chemin du retour, après avoir retrouvé ma bande (pas
spécialement fan d’AC/DC, mais qui ont tous été impressionnés
par la prestation du groupe, compliment me touchant beaucoup, car tous étant
des musiciens de très bon niveau), évidemment, un stop dans un
pub bordelais était de mise… quatre années plus tard, j’ai
fais une date à Bercy, et le Stade de France en 2001. Bien que je risque
de faire crier les puristes, je n’ai jamais retrouvé cette ambiance
et ce jeu scénique qu’a dégagé AC/DC ce fabuleux
13 juillet 1996. Décidément, quel bon crû que ce Bordeaux
96 !
Date qui restera à jamais gravée dans ma mémoire.